L’école en couleurs: le bus qui vient à la rencontre des enfants malades

Question orale du 26 octobre 2021 de Sabine ROBERTY à Caroline DESIR, Ministre de l’Education sur « École en couleurs : état des lieux de l’enseignement spécialisé de type 5 »

C’est une première en Belgique francophone: une classe mobile a été mise sur pied par la Clinique Mont Légia. Si les enfants malades ou en convalescence ne peuvent pas aller à l’école, l’école viendra à eux; tel est l’objectif poursuivi par l’inauguration de l’»École en couleurs» mobile.

Concrètement, il s’agit d’une camionnette transformée à cet effet. Une institutrice prend le volant pour aller à la rencontre d’enfants malades qui sont rentrés chez eux pour se reposer et reprendre des forces entre deux hospitalisations. Durant ce laps de temps, ils ne retournent pas toujours dans leur école d’origine. L’école mobile parcourt ainsi de nombreux kilomètres et a bénéficié pour l’instant à cinq élèves. Certes, les cours à domicile existent, mais ils impliquent que l’enseignant entre dans l’intimité des familles. Il semble que certains parents y soient réticents. L’« École en couleurs» a pour objectif de maintenir un certain rythme scolaire pour l’enfant afin de l’amener à la réussite.

Madame la Ministre, comment la Fédération Wallonie-Bruxelles soutient-elle la scolarité des enfants malades ou convalescents ? Quels aménagements sont-ils proposés aux familles qui ne souhaitent pas accueillir des enseignants à domicile ? Selon quelles modalités la prise en charge d’enfants malades ou convalescents est-elle assurée par l’enseignement spécialisé de type 5? Combien d’enfants sont-ils concernés par ce type d’enseignement? Leurs résultats scolaires sont-ils satisfaisants durant et après la prise en charge? L’offre en la matière est-elle suffisante? Concerne-t-elle tous les hôpitaux? La collaboration entre les écoles d’origine et les écoles de type 5 est-elle optimale? Comment et par quel biais les parents sont-ils informés des possibilités d’enseignement à l’hôpital et à domicile? Quels sont les freins et les obstacles rencontrés dans le cadre d’un enseignement de type 5? L’enseignement à distance, rendu possible grâce à du matériel informatique, est-il utilisé pour permettre aux élèves malades ou en convalescence de maintenir le lien précieux avec leur classe d’origine?

Réponse de Caroline DESIR, Ministre de l’Education

Les premières structures d’accompagnement scolaire en milieu hospitalier ont vu le jour en Belgique en 1949. À ce jour, il existe une vingtaine d’écoles d’enseignement spécialisé de type 5. Leurs diverses implantations proposent un service spécifique et adapté au sein de plus de 60 services hospitaliers et institutions en Fédération Wallonie-Bruxelles. L’enseignement de type 5 est destiné aux élèves atteints d’une affection corporelle et/ou souffrant d’un trouble psychique ou psychiatrique et dont la santé est prise en charge par une clinique, un hôpital ou une institution médico-sociale reconnue par les pouvoirs publics. Il est organisé en étroite collaboration avec l’école ordinaire ou spécialisée dans laquelle l’élève concerné est inscrit. En effet, seule cette école est habilitée à délivrer des certificats, diplômes ou attestations à cet élève. Une circulaire explicative reprenant les différentes modalités de collaboration entre les deux enseignements existe.

Le rôle des enseignants dans l’enseignement de type 5 consiste à fournir au jeune malade l’instruction à laquelle il a droit, en collaboration avec l’équipe de son école d’origine et en tenant compte de son état de santé mentale et physique. L’enseignement de type 5 rend ainsi au jeune malade son statut d’élève. Ce type d’enseignement peut être dispensé, quel que soit le lieu où séjourne l’élève durant sa maladie ou sa convalescence.

Si je salue évidemment toutes les initiatives permettant aux élèves de poursuivre leur scolarité dans les meilleures conditions possibles, je signale tout de même que l’école à domicile fonctionne bien et remplit également efficacement ce rôle, sans nécessiter systématiquement des initiatives comme celle que vous avez citée. L’enseignement à domicile se met en place à la demande des parents lorsque leur enfant est atteint d’une maladie dont la convalescence ou les traitements ne nécessitent plus d’hospitalisation, mais pour laquelle le retour à l’école ne peut pas être envisagé dès la sortie de l’hôpital. À ce jour, je n’ai reçu aucun avis négatif de la part des parents à ce sujet.

Madame la Députée, il m’est difficile de vous donner un chiffre exact concernant le nombre d’élèves qui fréquentent l’enseignement de type 5 puisque le nombre d’enfants hospitalisés varie de mois en mois, à la hausse ou à la baisse. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’encadrement est calculé sur la moyenne des présences lors de l’année scolaire précédente.

Quant à l’outil informatique, il est depuis longtemps utilisé par cet enseignement afin de permettre à l’élève d’être suivi par un enseignant lorsqu’il ne peut pas être en contact avec une tierce personne.

Réplique de Sabine ROBERTY

C’était l’occasion pour moi de faire le lien entre mon ancien métier au CHU de Liège et mes nouvelles fonctions de députée, en évoquant cette initiative utile qui unit les petits patients hospitalisés et le milieu de l’éducation. Effectivement, lorsqu’ils sont hospitalisés le dimanche, même le lundi, « la Madame » vient voir qui est hospitalisé au service pédiatrique et se met en relation avec les enfants, les parents et les médecins pour savoir quelle leçon elle peut donner. Certains enfants ont eu des commotions cérébrales ; cette « Madame » veille à ne pas les faire travailler au niveau du visuel, notamment. C’est quelque chose de très beau qui est mis en place au sein des hôpitaux.

L’ « École en couleurs » n’est jamais qu’un outil supplémentaire. J’étais déjà venue vous interroger au début de la législature sur l’ASBL ClassContact. Cette ASBL fait un travail remarquable en fournissant du matériel informatique à l’enfant afin de lui permettre de rester scolarisé, de maintenir des liens avec ses copains de classe, d’exister et d’oublier un peu sa maladie. Je pense qu’on ne mesure pas toujours l’importance de ces services.

Photo de Katerina Holmes provenant de Pexels