Les centres d’accueil de jour représentent une solution intermédiaire entre le maintien complet à domicile et le placement en institution. Quel est l’état les lieux de ces centres en Wallonie ?
Question écrite du 3 février 2020 de Madame Roberty à Madame Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des femmes
Les centres d’accueil de jour représentent une solution intermédiaire entre le maintien complet à domicile et le placement en institution. Il s’agit de structures qui accueillent pendant la journée des personnes âgées. Ces centres sont ainsi l’occasion de passer quelques heures ou quelques journées par semaines en compagnie d’autres personnes et de participer à différentes activités de sociabilisation. Des soins corporels peuvent également être prodigués. Dans la plupart des cas, ces services ont une liaison directe avec une maison de repos ou une maison de repos et de soins et peuvent être situés en son sein. Cet aspect permet également au senior d’avoir un premier contact avec les infrastructures, ce qui peut aider au moment de l’entrée en maison de repos. Ces centres offrent donc un certain répit aux familles, permettent de diversifier l’offre de structures d’accueil et d’apporter un soutien au maintien à domicile. Nous sommes donc en totale cohérence avec les objectifs du Gouvernement. Il existe également les centres de soins de jour qui accueillent des personnes fortement dépendantes qui peuvent y bénéficier de soins. L’AViQ agrée et contrôle ces centres et a repris leur financement depuis le 1er janvier 2019.
Quel est l’état les lieux de ces centres en Wallonie ?
Combien de places sont disponibles et sont-elles réparties équitablement sur le territoire ?
Suite au constat d’un certain insuccès pour ces centres, l’AViQ avait chargé des étudiants en Master en ingénierie et action sociale de travailler sur la question.
Ces étudiants avaient mis notamment l’accent sur la nécessité de promouvoir ces services et d’en faciliter l’accessibilité. Une suite a-t-elle été apportée à cette étude ?
Quelle est la position de l’AViQ ?
Dans un même ordre d’idée s’est développée l’idée de créer des centres de soirée ou de nuit destinés à accueillir, dans un milieu sécurisé, des personnes désorientées.
Ceux-ci sont-ils répandus en Wallonie ? Rencontrent-ils un succès ?
Réponse du 5 mars 2020 de Madame Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des femmes
Les centres d’accueil de jour et les centres de soins de jour sont, en effet, une des premières réponses au maintien à domicile. Ils permettent de rompre l’isolement, de maintenir ou recréer le lien social, mais également d’offrir aux aînés en perte d’autonomie les services et les soins nécessaires tout en leur permettant de continuer à vivre chez eux. Pour les aidants proches, ils constituent des lieux de répits et/ou une solution alternative pour le maintien de leur activité professionnelle.
Ces centres sont régis par le CWASS et le CRWASS et complètent l’offre d’hébergement (maison de repos, maison de repos et de soins en ce compris le court-séjour, résidence-services) en Région wallonne.
À la date du 1er janvier 2020 :
– 935 places de centre d’accueil de jour sont exploitées et réparties dans 78 établissements, seul l’arrondissement de Thuin ne dispose d’aucun centre ;
– sur ces 935 places de centre d’accueil de jour, 598 places sont requalifiées en places de centres de soins de jour, les arrondissements d’Ath, Thuin, Bastogne, Neufchâteau et Philippeville ne disposent pas de places de centre de soins de jour.
Il ressort du dernier rapport bisannuel (données collectées au 31 décembre 2017) que :
– les centres d’accueil de jour offrent en moyenne 11,5 places. Nombreux sont les centres d’accueil qui demandent d’emblée l’exploitation de 15 places. Cette tendance devrait se confirmer puisque le législateur a, depuis le 23 décembre 2018, autorisé les centres d’accueil de jour à accueillir jusqu’à 30 usagers. Un seul centre aujourd’hui compte 30 places et présente un taux d’occupation de quasi 100 %;
– la majorité des centres d’accueil de jour et des centres de soins de jour sont développés et gérés par les secteurs associatif et public (60 places CAJ dont 15 places CSJ pour le secteur privé commercial, 430 places CAJ dont 222 places CSJ pour l’associatif et 445 places CAJ dont 210 places CSJ pour le public).
Les centres sont pour la plupart situés sur le même site qu’une maison de repos, maison de repos et de soins. Mais, depuis quelques mois, des initiatives de centres isolés se développent, tout en maintenant un lien fonctionnel avec la maison de repos et de soins.
Au vu de la demande, le centre d’accueil de jour et le centre de soins de jour doivent se développer et idéalement sur l’ensemble du territoire de manière à offrir et garantir un service de proximité essentiel pour nos aînés. Par contre, un seul centre d’accueil offre la seule place agréée en Wallonie d’accueil de nuit. Il s’agit d’un centre du secteur associatif en province de Namur. Aucune demande n’a depuis été enregistrée pour développer cette offre.
Les deux principaux obstacles au développement des centres d’accueil/de soins de jour sont le coût global du centre (infrastructure et encadrement) qui se reporte sur le prix d’accueil et son accessibilité (organisation et coût du transport à charge du résident).
Comme l’honorable membre le relevait, ce point avait été mis en avant par les étudiants chargés par la Direction des aînés de l’AViQ de se pencher sur l’insuccès de certains centres de jour. Une première réponse qui a été apportée à ce constat est d’avoir inscrit dans la réglementation entrée en vigueur ce 4 novembre 2019 l’obligation pour le gestionnaire de mentionner dans le règlement d’ordre intérieur du centre « les possibilités de transport vers et au départ du centre, organisées par le centre ou par d’autres opérateurs ». Une seconde réponse vient du secteur lui-même, car même si la problématique du transport reste d’actualité, le nombre d’établissements disposant d’un véhicule pour les activités et les transports a augmenté : il est de 68 % au 31 décembre 2017, tous secteurs confondus. Alors que peu d’établissements du secteur commercial en possédaient en 2014 (27,3 %), ce sont 70 % des établissements de ce secteur qui en disposent en 2017. La proportion d’établissements des secteurs associatif et public possédant un véhicule a aussi augmenté par rapport à 2014 : 71 % en 2017 contre 64,3 % en 2014 pour le secteur associatif et 65 % en 2017 contre 59,1 % pour le secteur public.
Quant au prix journalier moyen d’accueil en centre d’accueil, il est de 19 euros. Le prix minimum est de 12 euros pratiqué dans huit structures appartenant au secteur public et le prix maximum est de 40,8 euros dans un centre du secteur associatif (centre isolé). Ce prix s’entend hors suppléments.
C’est dans le secteur public que le prix moyen journalier de l’accueil en centre de jour est le moins élevé, même si ce prix a légèrement augmenté (17,1 euros en 2017 contre 16,3 euros en 2014). Les prix moyens dans le secteur associatif et le secteur commercial ont nettement diminué par rapport à 2014 où ils étaient respectivement de 23,6 et de 26,5 euros. De nouveaux centres se sont ouverts, proposant des prix inférieurs et d’autres ont fermé. Cela permet d’expliquer cette diminution du prix moyen.
Le prix de l’accueil est un peu plus élevé dans les petits établissements, ainsi que dans le Brabant wallon et la Province de Hainaut.
Il est important de noter que les secteurs public et associatif bénéficient d’une intervention de 5 euros/jour par résident pour les centres d’accueil de jour complétée d’un forfait de 50 euros/jour par résident pour une place requalifiée en centre de soins de jour.