Lieux culturels : comment y favoriser l’inclusion ?

Question orale du 18 juillet 2022 de Sabine ROBERTY à Bénédicte LINARD, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes (exceptionnellement remplacée par P-Y JEHOLET, Ministre Président de la FWB)

La culture est un bien universel. Elle appartient à tous et devrait en ce sens être parfaitement accessible. Pourtant, pour les personnes déficientes sensorielles ou porteuses d’un handicap dit complexe, ce n’est pas le cas.

À cet effet, la Déclaration de politique communautaire (DPC) prévoit de «renforcer l’accès à la culture pour tous notamment à travers […] l’accessibilité physique des bâtiments, l’accessibilité renforcée pour les personnes déficientes sensorielles, en veillant à ce que chacune et chacun puisse franchir la porte des lieux culturels et participer activement aux pratiques culturelles, artistiques et créatives».

Nous pouvons nous réjouir que de nombreuses initiatives en la matière voient le jour. Tout récemment, le groupe Coldplay, mondialement connu, s’est engagé à rendre ses concerts plus inclusifs pour les personnes sourdes et malentendantes. En France, le dispositif Relax prévoit un assouplissement des codes dans les salles de spectacles, la présence d’une équipe d’accueil formée ainsi qu’une communication spécifique. Toujours en France, on trouve des souffleurs d’images dans les musées, des images en relief et des audiophones spécialisés. Au musée Fabre, à Montpellier, une galerie de sculptures à toucher a également été installée. En Belgique, il y a quelques mois, le musée de la photographie offrait une expérience sensorielle pour les personnes atteintes de déficience sensorielle. Je citerai aussi Les Équinoxes, un festival inclusif soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui a eu lieu à Bruxelles en avril dernier, mais également le festival Unisound consacré aux personnes en situation de handicap.

Monsieur le Ministre-Président, le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles offert au festival Les Équinoxes sera-t-il reconduit ? Le bilan de la première édition est-il positif ? Sauf erreur de ma part, la Fédération n’est pas partenaire du festival Unisound. La ministre Linard a-t-elle été sollicitée par les organisateurs en ce sens ? Financet-elle d’autres projets pour favoriser l’inclusion dans les lieux culturels ? Comment la ministre compte-t-elle renforcer l’accessibilité des lieux culturels pour les personnes déficientes sensorielles ou porteuses d’un handicap ? Quels sont les principaux obstacles à la mise en œuvre de ce point de la DPC ? La Commission consultative de la langue des signes travaille-t-elle sur la question de l’inclusion des personnes déficientes sensorielles dans les lieux culturels ?

Réponse de Bénédicte LINARD, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes. (exceptionnellement remplacée par P-Y JEHOLET, Ministre Président de la FWB)

Au festival LaSemo, des zones ont été aménagées pour faciliter la déambulation en fauteuil roulant ou encore pour améliorer l’accès visuel. De plus, tous les concerts ont été doublés en langue des signes. Ces dispositifs permettent non seulement d’inclure les personnes en situation de handicap, mais également de mettre en lumière un sujet souvent ignoré par le quidam. Ils incitent également chacun à s’interroger sur les comportements à adopter afin d’améliorer le vivre-ensemble.

Dans le secteur muséal, tous les musées reconnus doivent intégrer dans leur rapport d’activités les dispositifs spécifiques instaurés pour faciliter l’inclusion. Le festival Les Équinoxes a été soutenu à hauteur de 20 000 euros dans le cadre de l’appel à projets 2021 du dispositif Alter Égales. L’ASBL SIF a obtenu, outre la subvention de la Fédération Wallonie-Bruxelles, d’autres subsides pour la première édition de son festival. Dès lors, le soutien de la Fédération pourrait lui permettre de financer une deuxième édition du festival en 2023. Quant au festival UniSound, la ministre Linard a décidé de le soutenir à hauteur de 5 000 euros par le biais du budget de la Loterie nationale. Monsieur Köksal, pour ce qui est du cas particulier du festival Les Ardentes, le cahier des charges des festivals bénéficiant d’un contrat-programme conclu avec le Service des musiques ne prévoit pas actuellement d’exigence spécifique et commune à tous les opérateurs sur le plan de l’accessibilité physique. Ce point important a cependant été pris en compte dans le cadre du prochain dépôt de demande de contrat-programme en arts de la scène: tous les festivals, lieux de diffusion et centres scéniques qui souhaiteront renouveler leur contrat-programme devront détailler, pour la fin du mois de novembre 2022, les modalités d’accessibilité pour les personnes en situation de handicap. La ministre Linard y sera particulièrement attentive.

La ministre souhaite également mettre en lumière le travail de fond opéré par les opérateurs socioculturels, comme les associations d’éducation permanente, les bibliothèques et les centres d’expression et de créativité (CEC) reconnus et financés par la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui œuvrent au quotidien à la participation à la vie culturelle de toutes et tous, notamment les personnes en situation de handicap. Ces associations favorisent la participation effective de ces personnes à la vie culturelle en leur permettant de pratiquer un art et de s’exprimer, ainsi qu’en stimulant et en facilitant leurs sorties culturelles. Le grand public est ainsi sensibilisé au vécu de ces personnes afin de lutter contre la discrimination dont elles sont encore victimes. Ces associations luttent pour le respect des droits de ces personnes, et leur travail est essentiel, tout comme celui de la Commission consultative de la langue des signes.

Cette commission, que la ministre Linard vient de réactiver après une longue période d’inactivité, a pour mission de remettre au gouvernement, soit d’initiative, soit à la demande de ce dernier, des avis et des propositions sur toute problématique concernant l’utilisation de la langue des signes. Elle pourra donc, dans le cadre de ses travaux, transmettre à l’ensemble des ministres du gouvernement des recommandations relatives à l’inclusion des personnes sourdes. Pour le surplus, la ministre vous renvoie à la réponse formulée plus tôt à la question de M. Dispa sur la conférence interministérielle (CIM) Bien-être, Sport et Familles et Handicap.

Réplique de Sabine ROBERTY

J’entends deux bonnes nouvelles. La première est le possible renouvellement du financement des festivals Les Équinoxes et Unisound. La seconde se rapporte à la Commission consultative de la langue des signes, qui travaille à la rédaction d’un rapport et de recommandations. J’interrogerai la ministre Linard à ce sujet d’ici quelques mois.

Cependant, je n’ai pas entendu de réponse à ma question relative aux principaux obstacles à l’atteinte de tous les objectifs de la DPC. Je poserai dès lors une question écrite à ce sujet.

 

Crédit photo : Marcus Aurelius: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/personne-main-sans-visage-brouiller-4064229/