Octobre rose état des lieux du dépistage du cancer du sein

Think Pink organise chaque année en octobre une grande campagne de sensibilisation au dépistage du cancer du sein. L’occasion de faire le point en Wallonie.

Question orale du 10 octobre 2023 de Sabine Roberty à Christie Morreale, Ministre de la santé

Madame la Ministre, comme chaque année, Think Pink organise la campagne « Octobre rose » consacrée à la sensibilisation au dépistage du cancer du sein.

C’est l’occasion aussi pour moi de revenir chaque année sur les politiques menées en matière de dépistage en Wallonie, en particulier en ce qui concerne ce type de cancer.

Aujourd’hui, il est en effet nécessaire de poursuivre le travail pour continuer à améliorer les chiffres et à assurer un meilleur taux de participation aux campagnes de dépistage. C’est notamment un des objectifs poursuivis avec le décret « Promotion de la santé ».

Ainsi, afin d’établir une vraie stratégie qui favorise la mise en œuvre de programmes de dépistage accessibles et de qualité, un nouveau système devait être opérationnalisé pour mieux coordonner les actions déjà mises en place et définir des objectifs communs. Pouvez-vous me dire où vous en êtes aujourd’hui dans la révision de ces procédures ?

Dans ce domaine, nous connaissons l’importance de l’information et de la sensibilisation. Comment intégrez-vous cette disposition dans vos réflexions ?

À ce sujet, le rôle des médecins traitants et des acteurs de la première ligne de soins est important. Le travail mené au travers de Proxisanté s’est-il penché sur cette question ?

Il y a quelque temps, plusieurs hôpitaux belges ont intégré une étude clinique internationale, qui s’intitule My Personal Breast Screening, visant à évaluer les bénéfices d’un dépistage personnalisé dont la fréquence et les modalités sont adaptées au risque individuel de chaque femme.

Disposez-vous de nouveaux résultats liés à ce travail en particulier ? Dans l’affirmative, ceux-ci ont-ils une incidence sur la réflexion qui est menée sur les programmes de dépistage en Wallonie ?

Enfin, de manière plus large, comment soutenez- vous la campagne Think Pink ?

Réponse de la ministre :

Mesdames les Députées, je vous remercie de votre constance et de l’intérêt que vous portez à ces thématiques.

La Belgique se situe à 60 % de femmes dépistées pour le cancer du sein en 2019. En Wallonie, le taux de dépistage global pour le cancer du sein est d’environ 53 %. Par contre, en effet, pour ce programme organisé, le taux de dépistage est plus faible. Il est de 6 %, d’après les derniers chiffres obtenus auprès du Centre communautaire de référence des cancers. Je pense avoir déjà eu l’occasion de vous expliquer pourquoi, puisque généralement ce sont les gynécologues qui prescrivent ces propositions de dépistage à leurs patientes, donc elles le réalisent.

L’important était, dans les généralisations et dans les envois qui sont faits à travers les dépistages comme celui de « Octobre rose », de s’assurer que cela touche le reste des femmes qui ne l’ont pas déjà été par ailleurs via leur professionnel de la santé. On doit poursuivre sans cesse le travail en la matière : 53 %, c’est plus d’une femme sur deux concernée, mais cela veut dire que l’on doit encore convaincre davantage.

Un arrêté sur les programmes de médecine préventive de lutte contre les cancers poursuit pour le moment son processus législatif. Il a été adopté en première lecture par le Gouvernement wallon en date du 31 août 2023. Nous sommes dans l’attente de l’avis de l’Autorité de protection des données. C’est un texte qui permettra d’installer durablement l’organisation de dépistage, notamment un dépistage du cancer du sein, mais aussi celui du côlon et du cancer du col de l’utérus, via un système d’agrément à durée indéterminée.

Il nous paraît essentiel d’intégrer de manière pérenne ces programmes de dépistage dans le paysage de promotion et de prévention de la santé, comme c’est important aussi d’intégrer ces acteurs au sein des synergies qui se renforcent. Pour le moment, grâce à la programmation wallonne, les missions de communication sont clairement mentionnées, déléguées aux centres qui seront en charge des dépistages.

Il y est bien indiqué l’importance des collaborations dans l’exercice des missions du centre, que ce soit avec les professionnels de la santé de première et de deuxième ligne, qu’avec le secteur social ou le secteur de promotion de la santé, par exemple.

À tous les niveaux du modèle organisationnel défini dans le cadre de Proxisanté, il est prévu une mission dédicacée à la prise en compte des enjeux de la promotion de la santé, de la prévention par les professionnels des soins et de l’accompagnement, en combinant leurs efforts avec ceux des acteurs de la promotion de la santé.

Ensuite, une étude MyPeBS est menée dans 11 centres hospitaliers en Belgique et est coordonnée par l’institut Jules Bordet. Cette étude est encore à sa phase de recrutement et elle s’étend sur huit ans.

Nous avons aussi le Centre communautaire de référence des cancers, qui est actuellement en charge du dépistage du cancer du sein, qui mise sur une communication plus locale, qui s’avère plus impactant vis-à-vis du taux de participation. Dans ce cadre, le centre travaille avec les cabinets médicaux, avec les pharmacies, avec les hôpitaux. Des dialogues ont été initiés aussi avec les mutuelles. Le centre est chaque année en contact avec Think Pink sur la possibilité de collaborer sur les campagnes qui sont liées à la prévention du cancer du sein organisées en octobre.

Nous tenons à participer à des initiatives locales en soutenant par exemple Woman Race, que vous connaissez, des joggings au profit de la recherche contre le cancer du sein et des associations d’aide à la participation de la Région aux actions européennes relatives à la prévention des cancers.

La Wallonie a aussi décidé de participer à une action européenne relative à la réduction du poids du cancer et d’autres maladies chroniques en adoptant une approche holistique de la prévention, en se concentrant sur le renforcement de la littératie en santé, sur la réduction des inégalités, dont on voit qu’elle a un impact important sur une grande partie de la population.

Pour répondre à ce dernier objectif, le Gouvernement wallon, sur ma proposition, a adopté en septembre dernier la création d’une unité de connaissances comportementale et culturelle au sein de l’AViQ, en prenant en compte les facteurs sous-jacents qui sont, en réalité, souvent inconscients de nos comportements. Cette unité visera à donner des recommandations pour rendre les politiques favorables à l’exercice de la littératie en santé dans le cadre de la prévention des cancers et des maladies chroniques.

Enfin, le mécanisme de rendez-vous automatique est un outil parmi d’autres pour augmenter la participation au dépistage organisé. Mais il est vrai que, étant donné le nombre de femmes qui répondent déjà avec les médecins généralistes ou avec leur gynécologue, on pense que le système est difficilement applicable eu égard aux habitudes que les femmes ont développées chez nous. Un outil peut s’avérer fonctionner au nord, mais peut-être pas correspondre à notre Région. D’autres pistes ont aussi été décrites dans un rapport de la Fondation contre le cancer, notamment celui d’inventorier les motivations qui empêchent les gens de participer ou de faciliter l’échange des données et, sur cette base, de pouvoir concentrer nos efforts sur le public que l’on n’arrive pas à joindre jusqu’alors.

Réplique de la députée

Madame la Ministre, je vous remercie pour les éléments que vous venez de nous donner.

Malheureusement, toutes les femmes ne se font pas voir par leur gynécologue au moins une fois par an ; d’où l’intérêt de travailler aussi sur des campagnes de prévention du cancer de l’utérus. L’un ne va pas sans l’autre.

Je me pose aussi la question de savoir pourquoi ces femmes ne se présentent pas au moins une fois par an ou tous les deux ans au maximum. Pourquoi n’arrivent- elles pas encore à franchir la porte d’un gynécologue ?

De mon expérience vécue en milieu hospitalier, elles sont particulièrement nombreuses. On n’arrive donc pas encore à entrer en contact avec toutes ces femmes pour qu’elles puissent voir un médecin spécialiste.

Source : Compte-rendu de la réunion de la commission de l’emploi, de l’action sociale et de la santé 10 octobre 2023 du Parlement de Wallonie