Les colliers coercitifs peuvent être source de souffrance et causer d’importantes séquelles à nos animaux de compagnie. Quelle est la position de la ministre du bien-être animal à ce sujet ?
Question orale du 12/01/21 de Sabine Roberty à Céline Tellier, Ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
Madame la Ministre, évanouissement, paralysie, atteinte de la moelle épinière, écrasement de la trachée, asphyxie, fracture osseuse au niveau du larynx, vertèbre cérébrale endommagée, lésion de la peau et trouble du comportement sont autant de séquelles provoquées chez le chien par le port de collier dit coercitif, selon l’association PETA.
On entend par là les colliers étrangleurs à griffes ou encore des colliers électriques. En 2016, 2 600 vétérinaires dénonçaient les lourdes conséquences de ce dispositif sur la santé des animaux.
En 2017, votre prédécesseur s’était sérieusement penché sur la question et avait sollicité l’avis du Conseil wallon du bien-être animal à cet égard, lequel avait rendu un avis défavorable à son usage, suggérant même son interdiction.
Un avis minoritaire contraire avait été émis du côté de l’Ordre des médecins vétérinaires et de l’Union professionnelle vétérinaire qui préconisait davantage un usage autorisé dans des cas bien particuliers et selon de strictes conditions.
Le Conseil avait dû rendre son avis dans l’urgence, ce qui « n’a pas permis une analyse exhaustive ». Aujourd’hui, en dépit du nouveau Code du bien-être animal, ces recommandations semblent être restées lettre morte.
Madame la Ministre, quelle réception faites-vous de ces informations ?
Seriez-vous favorable à la mise en place d’une réglementation quant à l’utilisation de colliers coercitifs ?
Entendez-vous solliciter un nouvel avis du Conseil wallon du bien-être animal à ce sujet ? Dans ce cas, l’ensemble des colliers coercitifs pourraient-ils faire l’objet d’une discussion ? Celle-ci pourrait-elle être élargie aux félins, comme le suggérait le Conseil wallon du bien-être animal dans ses conclusions à l’époque ?
Dans la négative, comment entendez-vous encadrer leur utilisation afin qu’elle ne porte pas atteinte au bienêtre animal ?
Réponse de Céline Tellier :
Madame la Députée, comme vous l’avez indiqué, l’utilisation de certains accessoires comme les colliers électriques peut en effet causer des souffrances aux animaux. Je regrette d’ailleurs le recours à ce type de pratiques alors que des méthodes éducatives positives ont fait leurs preuves ces dernières années. Le renforcement positif est beaucoup plus en phase avec notre considération actuelle à l’égard des animaux. Les outils aversifs ne correspondent pas aux évolutions de notre société, comme le souligne d’ailleurs le conseil dans son avis.
Dès lors, j’ai souhaité donner une portée plus large à cet avis, comme le permet le Code du bien-être animal qui permet au Gouvernement d’interdire ou de restreindre l’utilisation d’accessoires causant des douleurs aux animaux. J’ai donc demandé au Conseil wallon du bien-être animal de lister les accessoires et les produits dont l’utilisation devrait être restreinte ou interdite pour des raisons de bien-être animal. Il s’agit des colliers électriques, mais potentiellement d’autres accessoires ou produits également. Le conseil devrait me rendre son avis prochainement. C’est bien entendu l’occasion pour ce conseil de donner un avis motivé sur les divers types de colliers pour chiens et pour chats. Mon intention est bien de proposer au Gouvernement un arrêté qui permettra de transposer, sous forme réglementaire, les propositions qui seront émises par le conseil.
Réplique de Sabine Roberty :
Je remercie Mme la Ministre pour les informations qu’elle vient de nous donner. J’espère que nous pourrons avancer positivement en la matière.
En Suisse, en vertu d’une ordonnance sur la protection des animaux, cette interdiction existe déjà et les mentalités, comme vous l’avez signalé, ont heureusement évolué en matière de bien-être animal. Il me semble effectivement que ces méthodes d’apprentissages coercitives ne sont plus du tout en adéquation avec notre époque et avec l’éducation basée sur le renforcement positif qui tend à s’imposer largement.
Pour conclure, j’ajouterai que l’interdiction d’utilisation de ces différents colliers, si toutefois elle pouvait se concrétiser, ne suffirait certainement pas. Comme nous le soulignons et comme le Conseil du bien-être animal le dit déjà, il faudrait peut-être aller un pas plus loin et en interdire carrément l’accès. Mais c’est un autre débat.
Source : Compte-rendu intégral de la commission de l’environnement, de la nature et du bien-être animal du 12/01/21 du Parlement de Wallonie