PW – Les mesures d’aide à destination des NEETS (jeunes ni à l’emploi, ni en enseignement, ni en formation)

Depuis plusieurs années, la situation des jeunes qui ne sont ni aux études, ni à l’emploi, ni en formation interpelle. Quelles mesures sont prises en Wallonie ?

Question orale du 12/01/21 de Sabine Roberty à Christie Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des femmes

Madame la Ministre, depuis plusieurs années, la situation des jeunes qui ne sont ni aux études, ni à l’emploi, ni en formation interpelle chez nous, mais également plus largement en Europe. Connu sous l’acronyme de NEET, ce phénomène doit être abordé avec prudence, tant il est difficile à appréhender car ces jeunes n’étant repris nulle part, ils sont difficilement identifiables. D’après l’IWEPS, en Wallonie, pour l’année 2019, cela concernait 14,5 % des jeunes de 18 à 24 ans. Ainsi, après des phases de diminution et de stabilisation depuis 2003, une légère hausse était alors observée.

Dès sa formation, votre Gouvernement a saisi l’importance de la problématique et des mesures concrètes ont été prises dans la Déclaration de politique régionale. Parmi ces dispositifs, on retrouve l’élaboration d’un plan d’information et de sensibilisation aux possibilités offertes aux jeunes par la Wallonie, l’évaluation et éventuellement le renforcement des essais-métiers ou encore la réintégration dans les droits aux allocations d’insertion, des NEET, qui reprennent le chemin de la formation, par un accord entre l’autorité fédérale et les entités fédérées.

Plusieurs de ces dispositifs ont déjà été initiés. Pouvez-vous faire le point sur leur mise en place aujourd’hui ? Quel impact a la crise du covid sur le suivi de ces mesures ?

Enfin, la crise du covid a un impact sur chacun d’entre nous et nous savons que les jeunes sont des victimes importantes d’un ralentissement de l’activité économique. A-t-on une idée de l’impact de la crise sanitaire sur le nombre de jeunes en situation NEET en Région wallonne ?

Vu les conséquences de la crise, quels sont, selon vous, les leviers à actionner en priorité pour continuer à lutter efficacement contre ce phénomène ? Une réflexion a-t-elle été initiée en collaboration avec votre collègue de la Fédération Wallonie-Bruxelles et au Fédéral pour assurer des mesures cohérentes et complémentaires ?

Réponse de la ministre :

Madame la Députée, selon les données publiées par Eurostat, le taux de NEET de la Wallonie, soit le taux de jeunes de 18 à 24 ans qui n’était ni à l’emploi, ni à la formation, ni dans l’enseignement, est de 14,5 % en 2019. C’est une progression de 1,1 pour cent par rapport à 2018. Ce rebond vient interrompre une tendance à la baisse qui avait été amorcée depuis 2009.

Sur la période 2009-2018, la Wallonie est en effet la région belge qui avait vu son taux de NEET diminuer de la manière la plus forte : – 7,7 points de pour cent contre – 2,5 à Bruxelles, – 0,3 en Flandre. Les perspectives pour le taux de NEET en 2020 sont pessimistes. La crise sanitaire a fait augmenter le nombre de demandeurs d’emploi en Wallonie. Parmi ceux-ci, ce sont les jeunes de moins de 25 ans qui voient leur nombre croître le plus : + 5,3 % en moyenne en 2020 par rapport à l’année précédente.

Le taux d’insertion à l’emploi à trois mois des jeunes inscrits au FOREm pour la première fois entre janvier et août 2020 est en recul : 40 % en 2020 contre 48,5 % en 2019. La mise à l’emploi des jeunes en 2020 risque d’être plus compliquée que les années précédentes, vu le contexte dans lequel nous nous situons. Plusieurs raisons expliquent cela.

Premièrement, ce public compte une part importante de travailleurs sous contrats intérimaires/temporaires. Quand il y a une diminution de l’activité économique, ces contrats sont souvent les premiers à ne pas être renouvelés.

Deuxièmement, le fait que les jeunes à la sortie des études qui se présentent pour la première fois sur le marché de l’emploi se retrouvent par ailleurs d’autant plus dans une situation de concurrence avec leurs aînés. Quand ils vont se présenter à un emploi, généralement ils sont souvent confrontés à : « avez-vous de l’expérience ? ». Or, eux ont besoin de pouvoir faire leurs preuves pour pouvoir être engagés. Cela crée donc encore plus de tensions potentielles.

À ces facteurs, s’ajoute une situation relativement inédite liée au contexte de crise sanitaire. Cette année, plusieurs stages prévus durant le cursus scolaire, ont été annulés ou reportés. Or, pouvoir témoigner d’une expérience professionnelle représente un réel atout pour un employeur. Ceci a encore été pointé dans l’étude annuelle du FOREm portant sur l’insertion de jeunes demandeurs d’emploi à la sortie des études en 2019.

L’impact du covid-19 et des différents confinements est variable selon le type de projets et les activités menées pour les NEET.

Lors du premier confinement, les projets de formation, d’enseignement, d’insertion socioprofessionnelle et d’accrochage scolaire en étaient à des stades différents et l’impact sur la dynamique d’accompagnement a varié selon le type de projets et le type d’activités développées, mais aussi le type de publics.

Progressivement, des outils à distance ont été utilisés, depuis début mars, selon les possibilités technologiques des porteurs de projets et des NEET. Ainsi, les appels téléphoniques, les SMS, les mails, les supports de messagerie instantanée, comme Messenger ou WhatsApp, les plateformes de communication en ligne et vidéoconférence, comme Teams, Zoom ou Discord, et, enfin, les plateformes de cours en ligne, qui sont devenues la norme.

La fréquence des contacts est toujours variable selon les personnes : une à plusieurs fois par semaine, et ce, surtout via les réseaux sociaux. Des opérateurs ont également initié des activités récréatives visant à recréer une dynamique de groupe en ligne.

Si la plupart des jeunes ont généralement un smartphone, ils n’ont pas tous un PC et une connexion internet fiable. Ils ne peuvent, dès lors, pas tous participer aux actions à distance mises en place. Outre cette fracture numérique, des jeunes ne sont pas toujours motivés par cette distanciation des activités collectives en présentiel. Travailler seul, chez soi, cela demande une grande motivation personnelle.

L’accompagnement en présentiel reste donc indispensable au suivi des publics fragilisés. L’accompagnement à distance a impliqué, pour les professionnels, de repenser leurs méthodes de travail, d’autant que la nature même de certains projets repose initialement sur un accompagnement en présentiel et des activités de groupe.

Dès cette année, une plus grande attention sera accordée au public NEET, via, entre autres, les programmes FSE+ et le Plan de relance Next Generation EU, qui seront développés en Wallonie et en Communauté française, pour la programmation 2021- 2027.

Réplique de la députée :

Je vous ai entendue. C’est toute une série de perspectives dynamiques qui ne sont pas belles à entendre au niveau des chiffres. Derrière les chiffres, on sait que ce sont des jeunes qui se cachent.

Le contexte, comme vous l’avez dit, n’aide pas. Je me réjouis toutefois que des initiatives digitales, que vous avez énoncées, puissent être mises en place pour pouvoir joindre ces jeunes, tout en sachant que cela reste quand même compliqué.

Vous me rassurez en citant un nombre d’initiatives qui vont être mises en place dès que possible.

J’aurai l’occasion de revenir sur ce sujet parce que c’est un sujet dont on parle très peu.

Source : Compte-rendu intégral de la commission de l’emploi et de l’action sociale du 12/01/21 du Parlement de Wallonie