Question orale du 5 octobre 2021 de Sabine Roberty à Christie Morreale, Ministre de la santé
Madame la Ministre, chaque année, Think Pink organise la campagne « Octobre rose », consacrée à la sensibilisation au dépistage du cancer du sein. Je vois que tout comme moi, vous portez le ruban rose, signe de votre attachement à la cause.
Nous savons que la crise sanitaire et les périodes de confinement que nous avons connues ont engendré pendant l’année 2020 la suppression des programmes de dépistage, en ce compris le dépistage du cancer du sein.
Lorsque les dépistages ont pu reprendre, après le premier confinement, les réinvitations ont rapidement été envoyées pour tenter de résorber le retard enregistré. Nous savons également que la situation que nous connaissons depuis 18 mois conduit de nombreuses personnes à reporter leurs soins de santé, notamment par crainte de se présenter dans une institution de soins.
Malgré les efforts mis en place, force est de constater que la campagne organisée l’an passé n’a pas eu les effets escomptés, et qu’un recul significatif des dépistages a été enregistré durant l’année 2020, avec parfois des conséquences dramatiques pour les années à venir, particulièrement dans les traitements précoces de cette maladie.
Madame la Ministre, comment avez-vous assuré un rattrapage des dépistages ?
La participation au dépistage a-t-elle repris normalement aujourd’hui en Wallonie ? Si non, comment comptez-vous lutter contre le phénomène ?
Avez-vous mis en place de nouvelles campagnes de sensibilisation ?
L’année passée à la même époque, vous disiez souhaiter travailler sur la mise à jour du protocole de dépistage ; travail qui a malheureusement dû être reporté, à cause de la crise covid. Qu’en est-il aujourd’hui ? Avez-vous initié ce travail ? Quelles modifications comptez-vous y apporter ?
À ce propos, 10 hôpitaux belges participent à une étude clinique internationale My personnal brest cancer screening visant à évaluer les bénéfices d’un dépistage personnalisé dont la fréquence et les modalités sont adaptées au risque individuel de chaque femme. Avez-vous pu prendre connaissance, Madame la Ministre, de cette étude ?
Réponse de Christie Morreale
Mesdames les Députées, les activités de dépistage du cancer du sein en Wallonie ont été suspendues à la mi-mars 2020, suite à la crise du covid-19 – comme tous les programmes de dépistage, d’ailleurs, puisque c’étaient les directives fédérales. On devait se concentrer sur les soins essentiels.
Dès lors, les invitations, les réinvitations qui ont été envoyées mensuellement à la population des femmes qui sont éligibles, entre 50 et 69 ans, ont donc été suspendues à partir de mars 2020. Dès le début du confinement, à la mi-mai 2020, le CCR en charge de l’organisation du dépistage organisé du cancer du sein en Wallonie a envoyé les invitations et les réinvitations jusqu’à la suspension de telle sorte de rattraper le retard dès le mois de juillet 2020 et de revenir à un rythme normal à partir du mois d’août 2020.
Pour le dépistage du cancer du sein, le recul de participations en 2020 est de 22 % par rapport à l’année 2019, mais il semble rattrapé, en partie, en 2021 puisque l’activité entre janvier et août 2021 montre une augmentation de participation de 8 % par rapport à la même période de 2019. Pour mémoire, concernant la campagne de sensibilisation « Think Pink », le CCR est associé quant au contenu pour les renforcer.
Malheureusement, avec la prolongation de la crise covid et l’organisation de la campagne de vaccination, la mise à jour du programme de dépistage organisé du cancer du sein n’a pas encore pu être initiée par l’AViQ.
À propos de « My peps », le CCR est associé à cette étude européenne depuis mi-2019 en tant que centre de référence pour la Wallonie. Le centre hospitalier Wapi de Tournai et le centre de sénologie du Docteur Crèvecœur de Liège participent aussi au projet. Il faut savoir que « My Peps » est coordonné, pour la Belgique, par l’Institut Bordet de Bruxelles.
Réplique de la députée
Merci, Madame la Ministre, pour vos réponses. Je ne l’ai pas évoqué dans mon intervention, mais je pense aussi que la campagne « Octobre rose », c’est aussi l’occasion de parler des femmes qui luttent, qui se battent tous les jours contre cette maladie. C’est vrai que je n’en ai pas parlé, mais elles sont au cœur de toute la problématique.
Par rapport à l’étude que j’évoquais, MyPeBS, qui compare deux stratégies de dépistage. Je me réjouis d’en connaître les résultats parce que c’est très intéressant de savoir si la stratégie personnalisée basée sur le risque individuel de chaque femme de développer ou pas un cancer est oui ou non équivalente à la stratégie de l’âge, celle qui nous occupe tous les jours au quotidien.
En attendant les résultats de cette étude, je pense qu’il est aussi de notre devoir aujourd’hui en commission de rappeler qu’il est important de pratiquer l’autosurveillance active chaque mois pour toutes les femmes, d’autant plus si elles sont personnes à risque, qu’il est fondamental de parler de la moindre inquiétude à son médecin traitant, c’est lui qui est au centre des soins, et de rappeler que, si même cette maladie est rare au niveau des hommes, ils ne sont pas épargnés.
Je pense que l’on n’en parle pas assez souvent.
On l’a évoqué l’année dernière aussi en commission. Think Pink, c’est aussi l’occasion pour nous de rappeler qu’un Belge sur 100 qui déclare un cancer du sein est un homme. Je pense que c’est important de le souligner pendant notre campagne. Merci pour vos réponses