NEET : Comment accompagner les jeunes ni aux études, ni à l’emploi, ni en formation ?

L’acronyme « NEET » regroupe les jeunes qui ne sont ni aux études, ni à l’emploi, ni en formation. Quelles mesures en Wallonie pour toucher ce public ?

Question orale de Sabine Roberty du 08/03/22 à Christie Morreale, Ministre de l’emploi

Madame la Ministre, depuis de nombreuses années, la situation des jeunes qui ne sont ni aux études ni à l’emploi ni en formation interpelle. Je sais que cette question vous préoccupe également. Ainsi, l’acronyme NEET est aujourd’hui utilisé pour parler de ce phénomène qui doit être abordé avec prudence tant les réalités qu’il recouvre sont larges et vont bien au-delà d’un acronyme.

Dans sa Déclaration de politique régionale, votre Gouvernement annonçait des mesures importantes telles que l’élaboration d’un plan d’information et de sensibilisation aux possibilités offertes aux jeunes par la Wallonie, l’évaluation et éventuellement le renforcement des essais-métiers ou encore la réintégration dans les droits aux allocations d’insertion des NEET qui reprennent le chemin de la formation par un accord entre l’autorité fédérale et les entités fédérées.

Où en est la mise en œuvre de ces mesures ? Avez[1]vous eu des contacts avec vos collègues en charge des politiques de l’emploi en ce qui concerne la question de la réintégration dans les droits aux allocations d’insertion ?

Qu’en est-il du lancement d’un éventuel plan d’information et de sensibilisation ? Avez-vous demandé l’évaluation des essais-métiers ? Qu’en est-il aussi du développement des programmes FSE+ et Plan de relance NextGenerationEU en Wallonie ?

Toujours au niveau européen, le projet Alma, annoncé en septembre dernier, vise à proposer aux jeunes européens une expérience professionnelle dans un autre État membre.

Dans la presse, vous avez eu l’occasion de dire que la Wallonie ne se joindrait pas forcément à cette initiative. Pensez-vous que ce projet risque de déforcer les autres projets déjà prévus dans le cadre du Fonds social européen ? Pouvez-vous expliquer cette décision ?

Réponse de la ministre :

Madame la Députée, à l’heure actuelle, aucune formation ne permet de récupérer le droit aux allocations d’insertion lorsque ce droit a été perdu. Cela nécessiterait de modifier la législation fédérale octroyant le bénéfice de cette allocation. C’est la raison pour laquelle j’ai préféré investir, avec le soutien de mes collègues du Gouvernement, dans le cadre du Plan de relance, dans des mesures spécifiques comme Coup de boost, qui sont des mesures extrêmement soutenues par les organisations syndicales et qui touchent des personnes de manière très personnalisée, dès qu’il y a décrochage, pour les mobiliser, pour les remobiliser – ce sont principalement des jeunes, vous le savez – et pour éviter la perte du droit aux allocations d’insertion.

Dans le cadre du FSE+, il est prévu de renforcer la dimension « Orientation des essais-métiers ». Je crois que l’on doit pouvoir élargir davantage le spectre et la connaissance des métiers. On a une vision très étriquée du nombre de métiers. Il en existe des centaines, c’est une responsabilité de pouvoir leur proposer des essais[1]métiers très concrètement, de manière très pédagogique, avec un accompagnement plus intense, pour étendre aussi les canaux de communication pour essayer de toucher un public qui soit plus large, de tendre vers des entrées en formation plus régulières. C’est le message que l’on doit pouvoir répéter en permanence. Si vous n’avez pas eu la chance de pouvoir être formé, c’est une opportunité incroyable que le FOREm ou les opérateurs partenaires peuvent organiser, pour répondre aussi plus rapidement aux besoins et aux demandes pour augmenter, comme je l’ai dit, les partenariats en amont, en aval, pendant les essais-métiers pour assurer la fluidité dans les parcours de formation et d’insertion.

Concernant le FSE+ et la nouvelle programmation, on a lancé l’appel à projets en Wallonie, le 11 mars dernier. Les opérateurs ont jusqu’au 24 mai pour déposer leurs projets. Notre volonté, au niveau du Gouvernement wallon, est d’investir auprès de ces personnes, les NEET, comme vous dites, puisque, outre les projets menés dans le cadre du Plan de relance, dans lequel 30 millions d’euros sont spécifiquement réservés à la garantie jeunesse, 18 % de l’enveloppe FSE+ ont aussi été réservés pour financer des mesures à destination de ces NEET. À l’instar des territoires zéro chômeur de longue durée, le fait d’avoir le soutien du FSE va pouvoir donner encore davantage de moyens à ce type de dispositif.

Le soutien à la Garantie jeunesse va s’articuler autour de quatre grands axes :

– l’accroche, que l’on doit pouvoir développer davantage pour remobiliser l’accompagnement des jeunes avec des actions comme le mentorat, le tutorat, le coaching, des programmes de volontariat, ou encore le service citoyen par exemple ;

– soutenir l’acquisition et le développement de compétences, dont les compétences linguistiques et numériques. Je vais venir bientôt avec un plan Langues ;

– la promotion de formes d’enseignement plus inclusives et plus innovantes pour permettre notamment des passerelles entre des filières qui sont soit d’enseignement spécialisé ou ordinaire, d’une part, et entre le parcours éducatif et la vie professionnelle, d’autre part ;

– le soutien à la réussite et à la lutte contre le décrochage scolaire.

L’initiative Alma qui est proposée survient malheureusement beaucoup trop tard, alors que les programmes opérationnels FSE+ sont déjà construits. De plus, il n’est pas prévu de financement complémentaire de l’UE ou du FSE en faveur d’Alma, ce qui impliquerait de financer cette nouvelle initiative à partir des enveloppes FSE+ qui existent déjà et qui sont déjà affectées à d’autres mesures. Ces mesures ont été priorisées, car elles permettent un réel impact sur l’intégration des NEET dans un parcours d’éducation, de formation ou d’emploi.

Réplique de la ministre

Je vous remercie, Madame la Ministre, pour l’ensemble de vos réponses particulièrement étayées. Je me réjouis de retourner lire le rapport dans un futur très proche. Vous avez signalé travailler dans le cadre du Plan de relance. Vous avez justement argumenté toutes les pistes de ce Plan de relance et vous avez parlé d’un appel à projets, donc j’aurai l’occasion peut-être de pouvoir vous réinterroger suite aux résultats de cet appel à projets.

J’avais aussi envie de vous parler des influenceurs, parce que l’on sait que les jeunes peuvent, peut-être au travers de jeux vidéo ou de choses qui leur parlent, être repêchés aussi. C’est peut-être aussi l’occasion pour nous, pour la Wallonie, d’avoir une accroche particulière avec ces influenceurs. C’est une idée parmi tant d’autres, une idée que vous n’avez pas évoquée, mais peut-être une piste à suivre.

Source : Site du Parlement de Wallonie, Compte-rendu avancé de la commission du 22.03.22 de la Commission de l’action sociale, de la santé et de l’emploi