Assurer à chaque enfant un accès à une alimentation saine et de qualité est fondamental, pourtant ce n’est pas encore toujours le cas. Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, un projet pilote a été initié en Wallonie pour proposer des collations saines à certains établissements.
Question orale du 26/01/21 de Sabine Roberty à Christie Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des femmes
Madame la Ministre, assurer à chaque enfant un accès à une alimentation saine et de qualité est fondamental. Pourtant, aujourd’hui, ce n’est pas encore une réalité, tout particulièrement pour les enfants en situation de précarité.
Votre Gouvernement, dès son entrée en fonction, s’est engagé fortement dans la lutte contre la pauvreté ; cela passe aussi par la valorisation d’une alimentation saine pour toutes et tous.
En novembre dernier, le Gouvernement a marqué son accord pour lancer un vaste projet pilote visant à distribuer gratuitement des collations saines et équilibrées aux enfants de 20 écoles maternelles et primaires situées dans des zones à indice socioéconomiques plus faibles. Ainsi, dans les écoles sélectionnées, un potage ou une collation saine seront servis gratuitement aux enfants deux fois par semaine.
Concrètement, c’est le collectif Développement Cantines durables, composé de sept partenaires, qui a été choisi pour mener cette expérience pilote. Le projet vise également à accompagner les écoles dans une démarche autonome pour favoriser une alimentation plus saine sur le long terme.
Initié dans le cadre du Plan de sortie de la pauvreté, le projet est initialement prévu pour une période de deux ans et une extension à d’autres établissements scolaires, voire une généralisation, pourra être envisagée à terme.
Pouvez-vous revenir plus en détail sur l’opérationnalisation de cette expérience pilote ?
De quelle façon le collectif Développement Cantines durables a-t-il été sélectionné ? Quelles missions lui avez-vous attribuées ? Quels sont les critères fixés par le Gouvernement pour la sélection des 20 écoles ?
Envisagez-vous de promouvoir les produits locaux et les circuits courts à travers cette expérience ?
Enfin, quel accompagnement sera proposé aux établissements ?
Une extension de l’expérience est-elle déjà envisagée ? Je vous remercie pour vos réponses.
Réponse de la ministre :
Madame la Députée, comme vous le savez, la Déclaration de politique régionale prévoit que les politiques transversales de promotion de la santé soient renforcées avec des impacts sur les déterminants de la santé, en ce compris dans les écoles, avec une attention particulière pour les populations précarisées. Il s’agit d’un projet qui me tient particulièrement à cœur.
Concrètement, pour répondre sur les détails de l’opérationnalisation, l’objectif est d’offrir gratuitement aux élèves d’écoles à encadrement pédagogique différencié une collation équilibrée et durable.
« Gratuit », au sens où ni les écoles ni les familles ne doivent apporter de contribution financière, et « collation » parce que cela ne vise pas le repas de midi, mais bien une collation en cours de journée. « Équilibre » et « durable », la collation doit être élaborée avec des produits frais, avec des fruits, des légumes issus principalement de l’agriculture locale ou de coopérative labellisée bio ou pas. La priorité est mise sur le caractère local du lieu de production. Enfin, « familles précarisées », parce que ce projet vise les élèves qui fréquentent les écoles maternelles et/ou primaires à encadrement pédagogique différencié.
Ce projet s’inscrit dans une triple dynamique d’inclusion sociale, d’égalité des chances, de politique de prévention de la santé et de résilience du système alimentaire.
Vous m’interrogez sur le choix du collectif Développement Cantines durables pour mettre en œuvre ce projet. Pendant des mois, on a étudié des dizaines de projets qui existaient déjà en Wallonie, portés par les provinces, par les communes, par les ASBL et les écoles. On est arrivé à la conclusion qu’il fallait un opérateur capable de travailler sur l’ensemble du territoire et disposant déjà d’une méthode spécifique d’implémentation de collations dans les écoles.
Il est vite apparu qu’un opérateur existait et disposait de l’expérience requise – c’est le collectif dont je vais parler –, qui est composé de sept opérateurs wallons avec des compétences multiples, mais aussi complémentaires. Ce collectif est de plus actif dans les cinq provinces. Cela faisait beaucoup d’avantages pour travailler avec eux.
C’est une structure de recherche et de développement dédiée à la mise en place de cantines durables dans le contexte scolaire fondamental, secondaire et supérieur. J’ai d’ailleurs déjà l’occasion de travailler avec elle et de la rencontrer, notamment dans le cadre de l’agenda 21 d’une des premières écoles secondaires qui est passée en agenda 21 et qui se trouve être l’école juste située en face de ma maison.
Sa coordination est une des missions de l’ASBL Influence végétale, qui a initié le collectif sur base de l’expérience acquise et de la méthodologie développée depuis 2013.
Dans le cadre du projet pilote, la mission du collectif portera sur le choix des producteurs, l’identification des écoles et la promotion de la distribution.
Sur le choix des écoles, il est prévu d’en sélectionner 20 : six dans le Hainaut, six à Namur, trois pour Liège comme pour le Luxembourg et deux dans le Brabant wallon. Le Comité d’accompagnement qui se réunit ce jeudi sera chargé de les sélectionner.
Les critères indispensables sont qu’il s’agisse d’écoles pédagogiques différenciées selon les critères définis par le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et qu’elles ne doivent pas non plus être déjà inscrites dans un des projets pilotes de la Fédération Wallonie-Bruxelles, puisqu’il y a eu des projets similaires sur les repas initiés d’abord par Isabelle Simonis et ensuite par Frédéric Daerden.
Il est prévu que le projet commence durant le premier semestre si les conditions et les règles sanitaires le permettent.
Quant à une éventuelle extension, je vous rappelle qu’il est prévu qu’un rapport d’évaluation du projet soit réalisé en juillet 2022. Il devra contenir une analyse des atouts, des faiblesses, des opportunités, des menaces de l’initiative pour voir si elle mérite d’être pérennisée, étendue, développée.
Ce sont des projets enthousiasmants. Là aussi, j’espère que la crise sanitaire verra un jour sa fin pour nous permettre d’implémenter ce type de projets qui contribuent à la transition à laquelle je suis attentive – sociale, liée à l’égalité des chances –, mais aussi d’une relocalisation de notre agriculture et de notre alimentation.
Réplique de la députée
Merci, Madame la Ministre, pour vos réponses particulièrement complètes. Vous avez dit que c’est un projet enthousiasmant, je le trouve aussi. C’est important que les enfants les plus fragiles au sein de nos écoles puissent avoir à disposition une alimentation correcte déjà au travers d’une collation.
C’est aussi un apprentissage pour eux que de manger des fruits et des légumes, surtout s’ils sont de provenance locale. Je m’en réjouis. Je n’hésiterai pas à revenir au sein de notre commission dès la rentrée 2022 – cela nous projette dans le temps – pour voir où en est l’évaluation de ce projet.
À bientôt pour ce projet et à très bientôt pour la prochaine question.
Source : Compte-rendu intégral de la commission de l’emploi et de l’action sociale du 26/01/21 du Parlement de Wallonie